Visite inopinée au Centre de Rétention Administrative d’Hendaye : “un constat unanime d’inefficacité”

Vendredi 27 juin, Peio Dufau et moi-même nous sommes rendus au Centre de Rétention Administrative (CRA) d’Hendaye, alors que deux propositions de loi, adoptées au Sénat prévoient des modifications préoccupantes des conditions de rétention.
Cette visite visait à prendre le pouls du terrain, pour que les premiers concernés – personnels, associations et personnes retenues – puissent être entendus, et que leur expérience soit prise en compte avant le débat parlementaire.
Deux propositions de loi
L’une des propositions de loi, adoptée mercredi 25 juin en commission des lois, prévoit de faire passer la durée maximale de rétention à plus de sept mois d’enfermement. Elle a été examinée en séance publique le 1er juillet.
Une seconde proposition de loi, non encore inscrite à l’ordre du jour, mais pour laquelle le Gouvernement a engagé la procédure accélérée le 12 mai, vise à confier l’accompagnement juridique des personnes retenues, jusqu’ici assuré par les associations telles que la Cimade, à l’OFII, un opérateur d’État dépendant du ministère de l’Intérieur.
Un constat unanime
Au cours de leurs échanges avec les différents personnels (cheffe de l’établissement, membres de la police aux frontières, personnel soignant…), les députés font état d’un constat unanime : depuis le début des années 2020, les conditions de rétention et de travail se dégradent dans les CRA.
De même, ces professionnels leur ont indiqué qu’étendre la durée de rétention ne permettra pas d’obtenir un plus grand nombre de laissez passer de la part des pays d’origine, ni d’exécuter davantage de mesures d’éloignement.
De plus, les salariés craignent une nouvelle dégradation des conditions de travail en retirant les missions d’accueil et d’information aux associations.
Je suis inquiète des conséquences sur l’accès des retenus à leurs droits fondamentaux, particulièrement à celui d’un procès équitable. Cette logique de rétention prolongée est une fuite en avant coûteuse et dangereuse, qui consiste à enfermer et tenter d’expulser des personnes que l’on sait pertinemment inéloignables, au lieu de les soigner, de les accompagner, de leur permettre de se reconstruire.